Laurent Bernat
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lundi 22 mai 2017
dimanche 6 décembre 2015
mardi 7 juillet 2015
Théâtre et chant. Réflexions sur une alliance.
Pourquoi mon intérêt pour l'opéra?
Pour le spectateur qui va à l’opéra, quel merveilleux spectacle lui est offert ! Il y trouve de quoi intéresser non seulement ses oreilles (la musique, le chant) mais aussi ses yeux (les décors, des corps incarnant des personnages notamment par les costumes). Mais parce que l’opéra est aussi un drame, une action ordonnée, parce que des paroles sont chantées, l’opéra s’adresse également à son esprit : le spectacle de l’opéra demande aussi un minimum d’intellection chez le spectateur. Tout cela ne fait-il pas d’ailleurs fusion pour lui ? Le spectacle qu’est par définition l’opéra n’assure-t-il pas une fusion des arts qui en ferait la haute valeur ?
Pour le spectateur qui va à l’opéra, quel merveilleux spectacle lui est offert ! Il y trouve de quoi intéresser non seulement ses oreilles (la musique, le chant) mais aussi ses yeux (les décors, des corps incarnant des personnages notamment par les costumes). Mais parce que l’opéra est aussi un drame, une action ordonnée, parce que des paroles sont chantées, l’opéra s’adresse également à son esprit : le spectacle de l’opéra demande aussi un minimum d’intellection chez le spectateur. Tout cela ne fait-il pas d’ailleurs fusion pour lui ? Le spectacle qu’est par définition l’opéra n’assure-t-il pas une fusion des arts qui en ferait la haute valeur ?
Rousseau, dans son Dictionnaire
de musique, propose un terme préférable au sujet de l’opéra qui assure
plutôt une alliance des
Beaux-arts : de la musique, de la poésie (dramatique), de la peinture (par
le moyen des décors). Ce terme d’« alliance » proposé par ce
philosophe également musicien nous semble pouvoir susciter indéfiniment la
réflexion voire inspirer la création lyrique et cela encore aujourd’hui, dans
la mesure où une alliance peut très bien mettre en présence des arts ou des
expressions artistiques où chacun est tenté
de tirer « la couverture à soi », de prendre une certaine marge
de manœuvre (nous sommes loin de l’idée de l’opéra comme art assurant la fusion
des arts dans un concours commun). S’il y a une alliance, à notre sens, c’est que l’unité n’est pas première, qu’elle
ne va pas de soi, qu’elle ne peut qu’être recherchée,
résultat d’une association plus ou moins convaincante, recherche jamais close,
toujours accompagnée d’un risque de débordement par les beautés somptueuses de
la voix chantée comme mobilisant jalousement l’intérêt du spectateur devenu
davantage auditeur. La musique, le
chant, le texte du livret, les décors, ces éléments du spectacle d’opéra sont moins des alliés qu’ils ne sont devenus des alliés. On les a en quelque
sorte contraints ou du moins invités, non sans réticences de leur part, à
servir un propos commun, celui d’émouvoir le spectateur.
L’opéra semble assurer cette mise en alliance des
différents arts mais ce que l’esthéticien penseur de l’art doit effectuer, on
s’en rend compte, c’est plutôt une prise de conscience que cette alliance ne va
pas de soi. Un art peut très bien l’emporter sur l’autre ou être tenté de le faire. On pourra être frappé
du fait que nous avons distingué la musique du chant. Le chant demeure de la
musique dira-t-on. Le chant cependant n’est pas n’importe quelle
« musique » ou, mieux, ne donne pas lieu à n’importe quelle musique,
car il mobilise cet instrument qu’est la voix humaine reconnue immédiatement
comme telle par le spectateur. Le spectacle de l’opéra peut très bien faire en
sorte – et cela a été le cas dans l’histoire de l’opéra – que la voix du
chanteur devienne un élément prédominant du spectacle. Le bel canto haendélien par exemple permet à la voix chantée une large
marge de manœuvre. Le drame chez Haendel permet bien une évolution
psychologique des personnages exprimant leurs sentiments du moment : mais
l’on n’est pas dupe, les arias de Haendel permettent largement au chanteur de
faire valoir sa voix pour ses beautés propres. Cela certes dans un lien avec le
drame et le personnage incarné, mais tout s’y passe comme si la voix – virtuose
– y cherchait une voie d’émancipation (par les vocalises, les mélismes…) loin
d’un asservissement strict au drame. En revanche, à d’autres périodes de
l’histoire de l’opéra et du spectacle lyrique, l’on peut demander à la voix le
respect plus strict du drame, dans un certain sens de ne pas trop chanter, de ne pas donner à la voix chantée une marge
de manœuvre telle qu’elle risque de charmer le spectateur pour ses beautés
propres. Ainsi nous apparaît la tragédie lyrique française (XVII-XVIIIème
siècle), avec l’importance de ses récitatifs, opéra où les airs montrent
toujours un respect de l’action dans une mise en dépendance du chant et de la
voix chantée avec la déclamation…
L’histoire de l’opéra et des différents genres lyriques – ou
propositions dramatiques où la voix lyrique est requise – nous semble par
conséquent témoigner de ce que nous appelons diverses voies d’Orphée. Loin d’assurer une fusion des arts, l’opéra et les autres genres lyriques assurent une
alliance entre les arts et les
expressions artistiques, alliance qui dans sa composition n’est jamais donnée
une fois pour toutes mais qui repose sur une recherche d’association où l’un des arts peut l’emporter en quelque
mesure sur l’autre, manière d’explorer diverses voies.
*
Les spectacles lyriques que je propose
Mes préoccupations ne sont pas seulement théoriques, elles se joignent aussi à des préoccupations pratiques. Esthéticien, je suis aussi praticien de la musique : chanteur et « librettiste », concepteur de spectacles. J'ai proposé au public notamment Rideau !, De Vuelta, Eros adouci, des spectacles qui, sans être des opéras en tant que tels, se placent sous l’influence de l’opéra, dialoguent avec lui, requièrent la voix lyrique (ou au moins des voix travaillées d’après ses critères). Au moment de concevoir un spectacle requérant la voix et le chant lyriques, le problème pour moi demeure le même et je ne fais que proposer des solutions, des solutions de mise en équilibre, de mise en co-présence (temporaires, critiquables, non-définitives, adaptées aux circonstances, qui ont leur part de facultatif [Nietzsche]). Aucun de ces spectacles ne permet à la voix chantée – pourtant indispensablement requise pour ses charmes et son mérite expressif – d’être continument présente. Après tout, s’il s’agit d’assurer une présence du drame, pourquoi la voix parlée ne suffirait-elle pas ? Pourquoi chanter tout le temps ? Trop de chant ne tue-t-il pas le chant ? Et la voix parlée, dans ses nuances expressives, ne possède-t-elle pas un charme propre, une musicalité propre (une « musique » hors de la musique en tant qu'art) qu’on serait en droit de faire valoir entre les moments chantés du drame ? Et si le texte peut avoir une beauté propre pour sa poésie, ne faudrait-il pas éviter de le trop chanter ? Un spectacle dans telle ou telle langue donnée – en langue française ou en espagnol – ne requerrait-il pas aussi des options lyriques différentes ? Quelle place également pour la danse dont nous n’avons pas encore parlé ? Quelle place lui donner pour que, tout en ayant ses charmes, elle ne soit pas un simple agrément du spectacle ?
Mes préoccupations ne sont pas seulement théoriques, elles se joignent aussi à des préoccupations pratiques. Esthéticien, je suis aussi praticien de la musique : chanteur et « librettiste », concepteur de spectacles. J'ai proposé au public notamment Rideau !, De Vuelta, Eros adouci, des spectacles qui, sans être des opéras en tant que tels, se placent sous l’influence de l’opéra, dialoguent avec lui, requièrent la voix lyrique (ou au moins des voix travaillées d’après ses critères). Au moment de concevoir un spectacle requérant la voix et le chant lyriques, le problème pour moi demeure le même et je ne fais que proposer des solutions, des solutions de mise en équilibre, de mise en co-présence (temporaires, critiquables, non-définitives, adaptées aux circonstances, qui ont leur part de facultatif [Nietzsche]). Aucun de ces spectacles ne permet à la voix chantée – pourtant indispensablement requise pour ses charmes et son mérite expressif – d’être continument présente. Après tout, s’il s’agit d’assurer une présence du drame, pourquoi la voix parlée ne suffirait-elle pas ? Pourquoi chanter tout le temps ? Trop de chant ne tue-t-il pas le chant ? Et la voix parlée, dans ses nuances expressives, ne possède-t-elle pas un charme propre, une musicalité propre (une « musique » hors de la musique en tant qu'art) qu’on serait en droit de faire valoir entre les moments chantés du drame ? Et si le texte peut avoir une beauté propre pour sa poésie, ne faudrait-il pas éviter de le trop chanter ? Un spectacle dans telle ou telle langue donnée – en langue française ou en espagnol – ne requerrait-il pas aussi des options lyriques différentes ? Quelle place également pour la danse dont nous n’avons pas encore parlé ? Quelle place lui donner pour que, tout en ayant ses charmes, elle ne soit pas un simple agrément du spectacle ?
Mes propositions lyriques ne se veulent pas radicalement
novatrices – elles dérivent d’une réflexion sur l’histoire de l’opéra, d’un
dialogue avec certains de ses principaux penseurs. Oui, le chant lyrique doit,
à certains moments du spectacle lyrique, assurer sa jouissive prédominance.
Mais à mes yeux, le théâtre et le chant ne peuvent être associés pour chaque
spectacle que si l’on propose le dosage bien
réfléchi accordé entre la musique, le chant, le texte associés au drame. Mes
« drames lyriques », ou plutôt les drames mobilisant la voix et le
chant lyriques tels que nous les proposons assurent non une abolition des
frontières des arts mais une co-présence d’alliés qui peuvent aussi, à bon
droit, faire valoir leurs mérites respectifs. J'espère, par mes spectacles,
faire profiter l’auditeur-spectateur de plaisirs associés, l’émouvoir également
ou plutôt, dans une perspective méritant d’être creusée, lui faire sentir l’âme de mes personnages dans ses fibres mêmes (point unitaire de
mes préoccupations, il est vrai), et,
par mes articles et écrits lui donner le prolongement du plaisir de la pensée
face à un spectacle qui en quelque sorte se justifie.
Texte d'Eros adouci - oeuvre pour piano et récitante - création le 3 juillet 15 - Possibilité de commander le texte complet en envoyant un mail à laurent.bernat@gmail.com
Récitante – Françoise Audoin
* * *
J’accuse Eros
Beau chasseur
à l’affût
Beau fruit de tes baisers
Ce baiser que nous nous étions donnés.
Ce baiser et ses œuvres
Ode à ton odeur
Endormi dans mes bras
Boire un café avec toi
La voix, ta
voix
Ta voix est travaillée par l’amour.
Tu dis, tu cries ton plaisir : ainsi tu le redoubles.
Dire le plaisir, c’est faire qu’il se maintienne, se prolonge.
Ta voix est modifiée par l’amour
Plus granuleuse que de coutume
Les sons s’écoulent de ta bouche
Que je veux rejoindre par la mienne.
Dans l’amour, je suis aussi oreille,
Ecouter ton transport attise mon désir.
Serait-ce que je désire ton désir même ?
Déroidissement
Il le conduit vers la plus haute des jouissances,
Piano – Stephan Céroi
Composition originale pour le piano – Abel
Loterstein
Chant, texte – Laurent Bernat
Canevas du spectacle : F. A., S. C, L. B., A.
L.
Vous qui
entrez sur le chemin d'Eros, vous auriez tellement raison de me craindre!
Vous vous
trouvez devant moi Eros et tenez malgré tout à ce que je sois votre
maître !? Je vous vois tout naïfs, tout appâtés par ce désir qui vous
tenaille et qui semble vous promettre les plus intenses voluptés!
Vous croyez que vous obtiendrez tout, tout de suite ! Vous croyez que
votre soif s'apaisera aisément. Vous avez le cœur gros d'être appréciés.
Vous vous jetez à cœurs et à corps perdus dans la pitoyable mêlée des
chairs qui cuisent et aspirent à se frotter les unes aux autres! Vous
croyez pouvoir vous repaître vite dans vos aspirations profondes mais qu'en
fait vous connaissez si mal.
Vous
venez en fait vers moi comme des proies faciles, stupides en vos
illusions. Vous verrez, je vous donnerai le tournis. Eros vous prévient: vous
y laisserez quelques plumes!
Non? Non?
Ces avertissements ne servent de rien! Vous insistez pour entrer en mon chemin.
Et bien venez. Je vais vous cajoler moi, je vais vous placer sous mon
aile, je vous donnerai votre pâture... Mais mes leçons seront les plus
cuisantes d'entre toutes. Vous n'apprendrez que par mille déceptions qui vous
donneront l'impression de perdre pied. Votre désir choquera mille fois la
paroi dure et froide de la réalité. Vous croirez mille fois avoir trouvé
chaussure à votre pied mais, autant de fois, la déception vous rattrapera. Même
ayant perdu mille fois la face, vous voudrez encore m'emprunter de ma
chaleur! Vous irez jusqu'à mendier un peu d'amour réciproque. Sachez-le :
je n'en aurais pas fini tant que je ne parviendrai pas à effacer en vous toute
trace d'orgueil - je vous humilierai!
Alors
c'est plus fort que vous! Il faut donc vous laisser entrer en mon chemin.
Ce ne sera pas faute de vous avoir dit que vous auriez bien eu raison de me
craindre!
J’accuse Eros
J’accuse Eros ! Si je l’avais là sous mes yeux, si mes mains pouvaient
l’étreindre de ma colère, je jure qu’il ne résisterait pas à ma rage. Oui,
c’est lui qui m’a fait quitter ma chambre où j’étais heureux, où je méditais et
me livrais à de paisibles introspections, où ma curiosité n’était que pour les
choses de la connaissance ! Il m’a fait quitter ma vie de philosophe qui
me convenait tant.
Il m’a fait
aller sur la grand route des rencontres, cette route desséchante, où brillent
d’illusoires séductions. Route immense où l’on s’abreuve quelques fois mais
sans que la soif soit vraiment étanchée. Suprême illusion de ce chemin :
nul apaisement n’y vient de ce qu’on croit pouvoir apaiser !
Il m’a fait
aller me frotter pitoyablement aux autres, réclamer la maigre pitance de
« satisfactions » éphémères et fortuites. Semi-contentements,
satisfactions amères !
Il m’a fait
entrer dans cet antagonisme incessant des désirs des amants. Il m’a fait entrer
dans la concurrence des chairs où chacun, surenchérissant sur l’autre, se rend
attrayant… Il m’a fait voir l’affligeant spectacle de ceux qui se croient
suffisamment séduisants pour qu’on ne fasse que les conquérir ; mais qui
attendent vainement d’être séduits – piège étonnant de Narcisse !
Mais il ne lui
a pas suffi pour se moquer de moi – lui si avide de cuisantes épreuves – de me
faire spectateur, il a rendu nécessaire que je me fasse chasseur ou
proie : de cette sorte de chasseur qui doit attirer sa proie, de cette
sorte de proie contrainte de s’arranger pour être poursuivie ! Mais quelle
est cette lutte qui pourtant n’est pas sanglante ?!
J’enrage contre
toi Eros ! Rends-moi ma liberté, je ne veux d’autre élan que celui du
philosophe envers la connaissance ! Rends-moi à moi-même, Eros !
Depuis que je t’ai ouvert ma porte, ma vie est remplie de calamités !
Beau chasseur
à l’affût
Beau
chasseur à l’affût, où vas-tu ? Je m’étonne de te voir courir en tout
sens ! Que cherches-tu ? Crois-tu qu’il te sera favorable de croiser
sans cesse ton regard avec celui de tous les beaux yeux qui
t’environnent ? Crois-tu que tu forceras Eros par la multiplication de tes
cibles ?
Dans
tes allées et venues, dans tes approximations répétées, tu risques de te trouver…
face à toi-même – dans un cuisant échec !
Mais
comment séduire, comment attirer Eros quand on est un jeune homme inexpérimenté
qui rentre sur la route du monde et celle, croisée, d’Eros ? On a d’abord
un désir qui nous jette à tout va, sans économie, sans guère d’efficacité non
plus !… On est dans un Eros dépensier !
Tu
parviens il est vrai à quelques prises de regards, fugaces ; mais en fin
de compte, tu n’auras rien à te mettre sous la dent.
Toutes ces heures, ces journées perdues en vains efforts de conquête ! Tous ces efforts répétés pour se proposer à l’amour.
Toutes ces heures, ces journées perdues en vains efforts de conquête ! Tous ces efforts répétés pour se proposer à l’amour.
Et
pourtant ton corps est au faîte de sa beauté sensuelle ! Tu désires à ce
point aimer – ça veut couler en toutes direction – que tu ne sais point
aimer.
Aussi
passes-tu du vif désir de conquête au découragement qui t’inquiète sur
toi-même. Quelle tristesse que nos défaites de séducteur inexpérimenté soient
interprétées par nous comme un manque de mérite !
Mais
rassure-toi et, s’il est possible encore, prends patience. Les grandes manœuvres
d’un chasseur à découvert éloignent assurément les proies. Eros, qui t’a fait
violemment courir les cœurs, pourrait te recommander : « Ne cherche
pas à séduire. Inutile de durcir la volonté. Ne force par l’entreprise mais vis
et séduis, mais séduis comme tu es, comme tu vis ! Oui, comprends cela et
suis ces conseils ! Tu les verras plus prometteurs… »
Beau fruit de tes baisers
Je déguste ce
fruit si sucré, ce fruit qui comme tant d’autres encore pousse en mes jardins,
où je dépose mes secrète intentions – il me rappelle nos baisers. Il y a là une
saveur et une certaine consistance si plaisantes !
Rapproche-toi
et permets en la vérification. Oui, tes lèvres procurent un plaisir bien
semblable, elles éveillent une soif qui s’affolera de vouloir être
étanchée !
Ce baiser que nous nous étions donnés.
Ce baiser que
nous nous étions donnés, je le retrouve dans nos étreintes d’Eros. Mieux, nos
étreintes ne sont pas autre chose que ce baiser d’une extrême douceur !^
Ce baiser et ses œuvres
Ce baiser que
je viens de te donner à la pointe du jour suspend pour un temps l’intensité de
notre présence l’un avec l’autre. Je pars donc œuvrer là où le monde l’impose
mais je serai, tout au long du jour, tension vers cet autre baiser qui
rejoindra avec toi la fin du jour. Je veux que ce baiser matinal hante toutes
mes activités. Oui ! Il œuvrera au long du jour et sera relayé par le
désir d’agir et de connaître, il se fraiera à sa manière un chemin dans mes
activités leur communiquant sa vive tension. Oui, que la tension vitale d’Eros
se propage entière à toutes mes activités !
Ode à ton odeur
Laisse-moi
faire une ode à ton odeur ! Serai-je d’ailleurs capable à la fois de
penser ça – ton odeur ! – et même de la chanter ?
Mais ton odeur,
c’est toi ! Elle se confond avec toi. Pour te reconnaître, elle me
suffirait. Encore que ta voix aussi est une marque individuelle mais l’odeur me
semble plus subtile. La conscience n’a pas l’habitude de s’y rapporter, il faut
dresser l’attention pour qu’elle se fixe sur elle. Que je veux, en ce moment,
n’être que mon nez, tout entier à la sensation de ton odeur ! Que je veux
pouvoir me détourner de tout autre attrait sensible et de tout autre intérêt en
ce monde pour me fixer sur ton odeur ! Que j’aimerais pouvoir garder,
conserver, toujours disponible ton odeur ! En faire un parfum, oui,
toujours disponible, en un flacon toujours à portée de la main !
J’aimerais aussi être capable d’une description de ton odeur – expliquer aussi
pourquoi elle tient de toi – une description qui donnerait presque le sentiment
de tenir ton odeur, de te tenir toi !
Oui, malgré le
défi qu’elle représente pour moi, je veux faire une ode à ton odeur !
Endormi dans mes bras
Tu
t’endors dans mes bras, tu glisses vers un « ailleurs » dont tu ne
peux pas rendre compte pour moi, et dans ce glissement de ton être, dont je ne
me suis rendu compte que tardivement, je veux pourtant encore m’occuper de
« toi ». Je caresse encore ton corps alourdi, toi à l’esprit à
présent détaché des peines du jour. En caressant ta tête, je me persuade
probablement à raison que « tu » profites de mes caresses. Ton corps
s’en détend. Et, peut-être, ton esprit se figure des rêves où l’aise que
« tu » trouves par mes caresses y a des effets. Peut-être es-tu pris
dans un rêve plus plaisant qu’il n’aurait été si je n’avais songé à prolonger
mes caresses alors même que tu es abandonné à Morphée. M’occuper de toi ne
serait-ce donc pas aussi ne pas négliger ta vie des songes ?
[La vie
subjective – ô combien riche – ne s’arrête point à la vie consciente de celui
qui veille. Elle continue lors du sommeil au moins par le fait que le sujet
connaît des représentations, est assailli d’angoisses, d’espérances, de plaisirs...
Il continue d’être affecté. Se forme pour le dormeur des images ô combien
significatives. Et si la voie d’Eros est l’expérience que je fais d’un sujet autre
et l’occasion d’apprendre de cette confrontation, l’amant ne sera pas
indifférent à la richesse et à la profondeur de la vie subjective de l’aimé,
qui fait que même dormant il l’intéresse !]
Boire un café avec toi
Boire un café
avec toi…et puis en boire encore par après. Le boire au lever du jour comme
réponse à l’appel de ce dernier à participer à sa fête. Siroter à petite
goulées le précieux liquide avec toi qui viens du pays du café. Vouloir n’être
qu’au goût du café. Sentir aussi la petite excitation montante. Reproduire
ainsi comme un rituel, effectuer une répétition qui semble rendre l’infini
disponible sans poids du temps. Sentir une complicité dans ce moment qui est le
nôtre.
La voix, ta
voix
Ta voix est travaillée par l’amour.
Tu dis, tu cries ton plaisir : ainsi tu le redoubles.
Dire le plaisir, c’est faire qu’il se maintienne, se prolonge.
Ta voix est modifiée par l’amour
Plus granuleuse que de coutume
Les sons s’écoulent de ta bouche
Que je veux rejoindre par la mienne.
Dans l’amour, je suis aussi oreille,
Ecouter ton transport attise mon désir.
Serait-ce que je désire ton désir même ?
Déroidissement
Estime l’amour
comme un bienfaiteur du corps.
Il le met en
tension, affole le désir,
Porte l’intérêt
bien au-delà de nous-mêmes.Il le conduit vers la plus haute des jouissances,
Le mène ensuite
à une torpeur voluptueuse :
Son repos
célébrant comme une réconciliation.
Rappelle à ton
souvenir tous ces corps roidis :
Sublimer le
désir, l’estimer secondaire,
Le vouloir
contrôler - comme s’il s’agissait
D’un ennemi qui
ne doit pas nous déborder !
- Cela les a menés à un piteux état :
Dans lequel,
rétractés, ils refusent le monde.
Imagine à
présent ces corps rendus à Eros.
Leur jouissance
est si violente qu’en profondeur
Elle desserre
les nœuds de tant de peines.
Approuve ces
corps paisibles enfin sans armes !
Envie leurs
rêves qui vont bientôt œuvrer au compte
Du plaisir
vainqueur, diffusant loin son écho.
Estime l’amour
comme un bienfaiteur du corps
Qui célèbre la
vie sans souci de la mort !
Laurent Bernat - Texte protégé SACD
Fête de la Musique au Smoking Molly
Un groupe de professeurs du lycée a le plaisir de vous inviter à un concert éclectique le Jeudi 18 juin à 20 h au Smoking Molly, calle 29 Bis N°5-74.
Vous y retrouverez :
Shh! : Vincent Jaffres et Philippe Casaux
ZigZag : Olivier Cachet et Patrice de Caro
Los Músicos del Francés : Elisabeth Cailleau et Stephan Ceroi
Bartek : Bertrand Vernay
Lycée Français Louis-Pasteur
Pianissimo - Concert des Musicos del Francés du 3 juillet 2015
Stephan Ceroi; piano
Abel Loterstein: guitare, composition
Elisabeth Cailleau et Laurent Bernat: chant
Françoise Audoin: récitante
Juan Carlos et Victor Toro: scénographie, lumières.
"En cette fin d'année scolaire, Los Musicos del Francés, vous proposent un concert d'au-revoir en remerciements à notre pianiste Stéphan Ceroi. Nous reprendrons des extraits de notre spectacle "De Vuelta" (boléros) et nous créerons Eros adouci (musique : A. Loterstein, texte: L. Bernat). Enfin, nous reprendrons un répertoire qu'affectionne notre ensemble: la chanson française."
Auditorium du Lycée Français
Calle 87 N° 7-77
Possibilité de parking
Entrée: 10.000 pesos
Elève: 5.000 pesos
Prévente à l'intendance du lycée
Service communication
Lycée Louis PasteurCalle 87 Nº 7-77
Bogotá Colombie
Tel (571) 796 50 40
communication@lfbogota.com
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